Une fois de plus, l'espoir a remplacé l'appréhension causée par la dure réalité du travail précaire, du chômage ou du travail informel que vivent des milliers de jeunes travailleurs en Afrique. Sous le thème "Conquérir une vie digne grâce à l'action des jeunes travailleurs", les représentants des différents mouvements de la PANAF ont pu partager leurs témoignages de vie, leurs expériences, leurs analyses et leurs propositions alternatives pour répondre aux différents défis auxquels sont confrontés les jeunes travailleurs dans leurs pays respectifs.
En effet, une très belle rencontre continentale a eu lieu, le 20 juillet 2024, entre les leaders africains des mouvements JOC du Gabon, du Congo Brazzaville, du Congo Kinshasa, de l'Egypte, du Ghana, de la Namibie, quelques membres du Secrétariat International de la JOCI et de la coordination de la PANAF.
Par vidéoconférence, les représentants ont pu discuter des situations politiques, sociales, professionnelles et éducatives vécues par eux et leurs pairs. Ils ont présenté leur vision des principales difficultés qu'ils rencontrent pour réaliser leurs rêves et leurs aspirations. En outre, ils ont pu découvrir ensemble les causes, les conséquences et les aspects communs de leurs réalités.
Le manque d'accès à un travail décent a notamment été souligné. Il a été noté qu'un nombre croissant de jeunes diplômés n'ont pas accès à l'emploi et sont contraints de travailler dans le secteur informel, sans conditions appropriées de travail. Il a été noté qu'il existe une motivation pour l'entreprenariat et la création de start-ups par les jeunes, mais que les conditions de base pour leur réalisation, qu'il s'agisse d'aides financières, techniques ou opérationnelles, ne sont pas fournies. Il a été souligné que la précarité est plus forte dans la vie quotidienne des femmes qui souffrent de divers types de discrimination fondée sur le sexe.
Cette précarité dans la vie des jeunes est liée à l'absence de politiques d'emploi pour les jeunes de la part des pouvoirs publics et de l'initiative privée. Elle est souvent due au manque d'accès à une qualification professionnelle et à des études de qualité pour les jeunes. Mais surtout à cause du système capitaliste qui impose la recherche du profit au détriment du bien-être du plus grand nombre.
Les témoignages des leaders témoignent des acquis, de la conquête de la solidarité et de la découverte d'identités communes apportées par l’action. Pour Régis MBIYA du Congo Kinshasa : "Au cours des débats, j'ai pris connaissance des différents problèmes rencontrés par les jeunes d’autres pays et surtout des solutions proposées pour des problèmes similaires aux nôtres. J'ai rencontré de nouvelles personnes et aussi, j’ai pu observer l'impact de la jeunesse sur le développement du continent africain. "
MIRIAM, d'Égypte, ajoute que "le plus fort, c'est que tout le monde a partagé son témoignage et sa propre réalité et pas seulement ce qui se passe dans nos pays ; les jeunes sont venus partager avec beaucoup de sincérité ce qui se passe dans leur vie quotidienne".
Il a été proposé de mettre en place des actions novatrices pour résoudre les problèmes mis en évidence.
- Exiger du gouvernement la création de politiques d'emploi décent ainsi qu'une formation professionnelle de qualité pour les jeunes et pour la société dans son ensemble.
- Revendiquer une meilleure répartition de la richesse des pays par l'investissement dans le potentiel des jeunes.
- Promouvoir différents espaces de formation avec des thèmes liés à l'économie sociale et solidaire.
- Créer des ateliers d'art et d'artisanat auxquels participent les jeunes de la communauté afin de les former et de créer des emplois en même temps.
Au sein du mouvement :
- Promouvoir des activités de mobilisation des jeunes telles qu'une journée trimestrielle d'engagement civique des jeunes.
- Continuer à promouvoir des activités d'éducation et de formation telles que des réunions au niveau continental avec des jeunes de la base.
- Promouvoir des espaces qui transmettent les sentiments, les préoccupations et rendent visible la réalité des jeunes Africains par le biais de podcasts contenant des informations responsabilisantes pour les jeunes.
Il est également important que la coordination de la PANAF puisse effectuer des visites régulières aux mouvements nationaux afin d'évaluer leur action et de les encourager à entreprendre des actions de transformation des conditions de vie et de travail.
Les discussions et les réflexions motivent l'ensemble des participants à passer à l'action.
LINDA du Ghana a déclaré : " Participer à la réunion et découvrir les expériences d'autres mouvements nationaux nous a donné de nouvelles idées et des solutions que nous pouvons adapter pour développer nos projets et nos activités. En outre, le sentiment de solidarité et d'avoir des objectifs communs que j'ai ressenti pendant la réunion a renforcé ma motivation et mon engagement dans mon rôle au sein de mon mouvement national et pour développer les objectifs de la JOCI en général".
Pour TRESOR MBALANDA du Congo Kinshasa, le grand défi du mouvement est de former à ceci "que nous devrions nous constituer en vrai acteur de changement dans nos communautés ".
A la fin de la réunion, Pontien Kabongo, le collaborateur adulte actuel de la JOCI, nous a fait une présentation importante sur la méthodologie de la JOC.
Selon lui, la méthode « VJA-Voir, Juger, Agir » (VJA) produit un véritable engagement, une culture de vie et d'implication active dans le monde. Elle cherche à articuler les actions individuelles avec un changement collectif significatif, avec une transformation sociale vers une société plus démocratique.
Nous pourrions souligner comme éléments fondamentaux de la méthode VJA : l'éducation comme levier de changement social ; la participation active des jeunes et l'autonomie des jeunes de la JOC, un mouvement organisé "Entre eux, par eux, pour eux". Le point de départ de l’action, c’est la contradiction entre le vécu quotidien et les aspirations. La méthode VJA produit un savoir propre via un processus d’action et un développement personnel et collectif dynamique, progressif et interactif.