Témoignages

Journée internationale des travailleurs et travailleuses domestiques : Témoignage du Pakistan

« Mon nom est Fatima Hussain et je suis pakistanaise. J’ai 24 ans et je vis à Lahore. J’ai postulé à une multitude d’emplois dans différentes usines, mais en vain. Dans notre société, une fille qui travaille ne fait pas bonne impression, les gens n’aiment pas les femmes travailleuses.

J’ai donc décidé de devenir travailleuse domestique parce que c’est plus facile d’obtenir un emploi dans ce secteur. Mais les travailleurs domestiques ne sont pas bien payés. Ils touchent 1500 PKR par maison (15$US). J’étais très déçue par le salaire peu élevé et par la charge de travail supplémentaire. Je devais remplir des tâches qui n’avaient aucun rapport avec mon travail.

Un jour, j’ai découvert la JOC – c’était un jour magnifique. Lors d’une réunion, j’ai partagé mon expérience de travailleuse domestique et parlé des tâches supplémentaires.

Le groupe JOC a rédigé une lettre qu’il a envoyée au Conseil du travail, demandant que mon salaire soit augmenté et que des restrictions soient imposées pour que les travailleurs domestiques ne doivent pas effectuer de tâches supplémentaires. Un mois plus tard, la direction de la société de logement où je travaille a reçu une lettre du Conseil de travail communiquant que les travailleurs domestiques devaient être payés 2000 PKR par maison (20 $US) au lieu de 1500 et qu’il était interdit de leur donner des tâches supplémentaires. Maintenant je gagne 8000 PKR pour quatre maisons. Bien que cela ne suffise pas pour couvrir tous mes besoins quotidiens, je suis très contente et j’assiste régulièrement aux réunions de la JOC, dans l’espoir de pouvoir faire quelque chose de plus pour changer ma vie et celle des autres travailleurs.

Travailleurs migrants : La voix d’un travailleur philippin expatrié

Je m’appelle George Verzosa, je suis originaire de Calbayog City (au sud des Philippines). Je n’ai jamais terminé mes études car mes parents ne disposaient pas des moyens nécessaires pour nous envoyer, moi et mes frères et sœurs, à l’école. J’ai migré à Manille pour chercher un emploi et j’ai travaillé sous contrat d’agence dans une fabrique de sacs comme opérateur de machine. Je touchais le salaire minimum mais certains de mes camarades de travail avaient moins que le salaire minimum. Lorsque je faisais des heures supplémentaires et gagnais plus d’argent, je l’envoyais à ma famille dans ma province.

Ils nous obligeaient à travailler à un rythme soutenu car nous devions atteindre un « quota » et ils visaient un surplus de production. Lorsque nous n’atteignions pas le quota journalier requis, ils nous déduisaient une somme de notre salaire. Mais lorsque nous dépassions le quota de production, nous ne recevions aucune prime.

En 2014, mon emploi devenait de plus en plus précaire. Je ne travaillais que trois ou quatre jours par semaine. La politique était « pas de travail, pas de salaire » ; par conséquent, les jours où je n’avais pas de travail, je n’avais pas de revenus. Cela devenait extrêmement difficile pour moi d’aider ma famille et même de subvenir à mes propres besoins car je louais aussi un appartement.

Meiry, de la JOC Guatemala: "La JOC m’a transformée en militante !"

meiryMeiry de León a 26 ans. Elle travaille comme enseignante à l’école primaire Cumbre del Guayabo, à Chinautla au Guatemala. Elle travaille sous contrat temporaire depuis quatre ans. Son contrat peut être renouvelé ou rompu en fonction des résultats de son évaluation. Cela signifie qu’elle n’a pas la possibilité d’acquérir de l’ancienneté et que les avantages qu’elle pourrait obtenir n’évoluent pas.

Meiry a expliqué que son école connaît des problèmes assez graves sur le plan salarial. Outre le fait qu’ils sont très bas, les salaires sont toujours versés en retard. Dans bien des cas, elle et tous les autres enseignants perçoivent leurs rémunérations avec un retard de trois mois ou plus. En ce qui concerne les infrastructures, son école est loin d’être une école décente car elle ne dispose pas des équipements nécessaires dans les classes, par exemple un tableau, des chaises, des bancs et des manuels scolaires.

Le transport est un autre problème ; elle doit parcourir un long trajet en bus d’environ deux heures, et l’école ne verse aucune indemnité de déplacement.

« Tous les matins, je dois emmener ma petite fille à la crèche et courir pour prendre le bus qui me conduira à l’école. Je dois payer 4 quetzals pour chaque trajet », a confié Meiry.

Elle a fait connaissance avec la JOC lors d’une rencontre d’initiation en 2008. Après cela, elle a participé à plusieurs réunions organisées par la JOC. À l’époque, avec d’autres jocistes qui étaient au chômage, elle vendait de la nourriture dans la rue comme travailleuse informelle et ils utilisaient l’argent gagné pour se rassembler et pour aller se présenter à des emplois.

En fin de compte, Meiry a obtenu un emploi dans le secteur éducatif et elle a lancé un processus JOC parmi les enseignants. Elle organise une réunion par semaine, au cours de laquelle ils font une révision de vie pour comprendre la réalité concrète et planifier des actions.

« Aujourd’hui, je suis une militante de la JOC grâce au processus mené avec et parmi les enseignants et j’assume d’autres responsabilités en accompagnant le processus suivi par le groupe de base de Pocitos. Depuis que j’ai adhéré à la JOC, j’ai pu briser mes chaînes et acquérir davantage de dignité en tant que femme.  Maintenant je regarde la vie avec les yeux d’une protagoniste capable de générer des changements dans la société », a noté Meiry.

Meiry a souligné que tous les enseignants devraient lutter pour leur droit à un travail juste. Cette lutte ne vise pas seulement une augmentation salariale mais aussi un changement dans les infrastructures des écoles du pays et dans la société. Le travail qu’ils réalisent finira par sensibiliser le secteur éducatif et aura un impact sur l’ensemble de leur communauté.