Témoignages

Interviews : Des jeunes travailleurs des quatre coins du monde parlent du capitalisme, du monde du travail et de l’action du mouvement

Le séminaire organisé en Belgique par la JOCI en septembre dernier a été l’occasion d’interviewer des jeunes travailleurs de chaque continent. Antoine de Belgique, Doriabelle du Gabon, Meiver du Venezuela et Nanang d’Indonésie ont partagé leurs points de vue sur le monde du travail et l’action du mouvement.

Nanang, JOC d’Indonésie

Quels sont les principaux défis pour le mouvement dans ton continent en ce qui concerne le capitalisme ?

Dans notre continent, organiser les travailleurs dans les usines constitue un véritable défi ; leurs horaires de travail sont très longs et ils n’ont donc pas le temps de participer à nos réunions. Il y a aussi un manque de conscientisation : les travailleurs ne connaissent pas leurs droits. D’autres défis se posent, notamment l’individualisme et le consumérisme. Dans les usines, les employeurs (capitalistes) créent de la concurrence entre les travailleurs.

De plus, le gouvernement n’a pas adapté une bonne réglementation du travail ; par exemple il autorise les contrats de courte durée. Par voie de conséquence, les jeunes travailleurs n’ont pas de sécurité dans la vie, pas de revenus assurés et pas de protection sociale. Le gouvernement utilise la répression contre les travailleurs lorsqu’ils veulent former un syndicat. Quand une action est lancée contre les employeurs, la police arrive pour contrôler les travailleurs.

Entretien avec Brenda, militante jociste guatémaltèque qui s’est rendue à l’OIT

« Nous sommes tous des travailleurs, nous avons tous le droit de nous organiser »

 

Quel rôle as-tu au sein de ton mouvement national ?

Je suis militante au sein de la coordination de la JOC du Guatemala. Nous sommes une petite équipe de militants qui coordonnent les activités des groupes.

Quelles sont les activités principales de la JOC du Guatemala aujourd’hui ?

Nos priorités sont les actions personnelles réalisées sur nos lieux de travail. Par ailleurs, nous travaillons à l’extension du mouvement. Nous sommes en plein processus d’investigation et d’initiation dans deux villes supplémentaires et nous assurons l’accompagnement de nouveaux groupes de base qui ont été créés dans la zone métropolitaine de la ville de Guatemala (la capitale).

Quelle est ton expérience personnelle d’action ?

J’ai presque toujours travaillé pour le gouvernement. Là il y a un problème de flexibilisation du travail. Ils ont des contrats d’embauche qui leur permettent de réduire les droits des travailleurs. Dans mon dernier emploi au sein d’une institution de droits humains, la majorité des travailleurs n’avaient pas accès aux droits du travail établis. S’agissant d’une institution de droits humains, il y avait là une énorme contradiction.

L’année des élections se profilait et au Guatemala, normalement, un changement de gouvernement entraîne le changement de tout le personnel des institutions publiques. La menace d’un licenciement pesait donc sur nous et nous savions qu’il était possible qu’un gouvernement militaire arrive de nouveau au pouvoir. Finalement, nous avons décidé de créer un syndicat qui avait 3 objectifs.

Témoignage du Guatemala: "La dure journée d’une jeune travailleuse"

La jeune travailleuse quitte sa maison tous les jours à quatre heures du matin. Pour arriver au travail, elleguate doit traverser toute la ville. Elle voyage environ deux heures en bus, puis elle doit marcher à peu près une demi-heure pour rejoindre la communauté où elle enseigne à des enfants de familles défavorisées. Le quartier où elle travaille est pauvre, marginalisé et le taux de violence y est élevé.

Sur le tronçon qu’elle doit parcourir à pied, des femmes ont été violées, et les bus qu’elle utilise pour arriver et quitter cet endroit sont ceux qui, selon les statistiques nationales, enregistrent le plus d’attaques armées, d’agressions et d’accidents provoqués par la négligence des chauffeurs.

Pour rentrer chez elle, elle doit refaire le même trajet en sens inverse, mais cette fois, dans des conditions pires encore : dans des bus qui sont bondés, qui avancent lentement dans les longues files de voitures qui traversent la ville.