« Malheureusement, même au 21e siècle, il y a encore beaucoup d'inégalités. Je ne citerai pas l'entreprise, mais en 2023, avant de décrocher mon diplôme, j'ai travaillé dans une entreprise qui n'embauchait pas les femmes qui avaient des enfants, car ils disaient que la seule priorité devait être l'entreprise. Les rares d'entre nous qui ont réussi à se faire embaucher ne pouvaient pas bénéficier de congés d'urgence. Je suis une mère célibataire et cela s'est compliqué lorsqu'on m'a demandé de rester tard au travail. Je pense que de nombreuses femmes doivent même omettre de mentionner qu'elles ont un enfant si elles veulent obtenir un emploi et pouvoir élever leurs enfants.
Je ne suis pas restée très longtemps dans cette entreprise. Dieu merci, j'ai reçu une meilleure offre. Sur le lieu de travail, les femmes sont considérées comme le sexe faible, mais je pense que nous sommes de plus en plus autonomes, nous nous battons pour gagner le respect et obtenir des emplois qui nous permettent d'élever nos enfants au prix de beaucoup d'efforts et de sacrifices. J'élève un garçon qui, lorsqu'il deviendra un homme, pourra donner aux femmes la place qu'elles méritent. Nous sommes sur un pied d'égalité ; nous n'avons peut-être pas la même force physique, mais nous avons le courage et le désir de changer la donne. » - Leyla, 32 ans
La justice de genre n'est pas un privilège, c'est un droit fondamental. Pourtant, comme le révèle le témoignage de Leyla, les femmes du monde entier continuent de se heurter à des obstacles systémiques sur leur lieu de travail et en dehors. La discrimination à l'encontre des mères qui travaillent, l'idée que les femmes doivent choisir entre leur carrière et leur famille, et le manque de soutien institutionnel pour celles qui prennent soin de leur famille sont des manifestations évidentes de l'injustice entre les genres. Ces inégalités sont profondément ancrées dans les structures patriarcales qui limitent l'autonomie, l'indépendance économique et la participation des femmes au sein de la société.
L'expérience de Leyla n'est pas une exception, mais le reflet d'une réalité mondiale où les femmes sont jugées non pas sur leurs compétences ou leur potentiel, mais sur des rôles de genre surannés. Lorsque les entreprises refusent d'embaucher des femmes qui ont des enfants ou leur refusent des congés d'urgence, elles renforcent un système qui pénalise la prise en charge des proches - un rôle assumé de manière disproportionnée par les femmes. Lorsque les mères qui travaillent se sentent obligées de cacher leur statut parental pour accéder à des opportunités d'emploi, c'est le signe d'un système défaillant qui donne la priorité aux profits plutôt qu'aux personnes.
Le besoin urgent d'une justice de genre
La justice de genre consiste à démanteler les structures qui soutiennent les inégalités et à garantir que toutes les femmes, indépendamment de leur statut parental, de leur origine socio-économique ou de leur profession, jouissent des mêmes droits et des mêmes opportunités que les hommes. Cela nécessite des changements systémiques dans les politiques du travail, les cultures d’entreprise et les protections sociales.
En cette journée internationale de la femme, nous exigeons :
L'égalité des chances en matière d'emploi : Les employeurs doivent rendre des comptes pour les pratiques d'embauche discriminatoires qui excluent les femmes, en particulier les mères, du marché du travail.
Une protection et flexibilité sur le lieu de travail : Les gouvernements et les entreprises doivent mettre en œuvre des politiques de soutien aux femmes, notamment des congés parentaux rémunérés, des congés d'urgence et des formules de travail flexibles.
Une reconnaissance du travail de soins comme un travail essentiel : La prestation de soins, qu'elle soit rémunérée ou non, doit être considérée comme essentielle pour l'économie, et les personnes qui s'en chargent ne devraient pas être pénalisées.
Un changement culturel et institutionnel : Les préjugés fondés sur le genre qui qualifient les femmes de travailleuses faibles ou peu impliquées doivent être éradiqués par l'éducation, la mise en place de cadres juridiques et des politiques d'entreprise proactives.
L'espoir de Leyla de voir son fils grandir dans un monde où les femmes sont traitées sur un pied d'égalité doit devenir un engagement collectif. La justice de genre ne se limite pas à l'autonomisation des femmes ; elle implique de transformer les sociétés de façon à ce qu'elles soient plus inclusives, plus équitables et plus justes pour chacune et chacun d'entre nous.
Lutter pour la justice de genre, c'est lutter pour un avenir meilleur.