Par Dr. Heiner Wilmer SCJ
Évêque de Hildesheim, Président de la Commission pour les questions sociales et de société (VI) de la Conférence épiscopale allemande
Je vous salue cordialement et vous félicite pour le centenaire de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). 100 ans - à l'occasion de tels anniversaires, on félicite habituellement la jubilaire pour une biographie bien remplie en honorant sa performance aux dernières étapes de sa vie. Quant à la JOC, c'est différent : c'est une centenaire qui déborde de jeunesse !
Vous célébrez cela comme il se doit, avec un programme impressionnant pour une fête des générations et des échanges internationaux. Qu'aurait dit votre fondateur, le futur cardinal Joseph Léon Cardijn, s'il avait su cela à Bruxelles aux débuts de votre association ? Il aurait certainement été très fier. En même temps, je suppose qu'il serait aujourd'hui choqué par les conditions de travail auxquelles, dans le monde entier, de nombreuses personnes sont encore soumises chaque jour. Ce n'est pas un problème propre à un seul pays - une association internationale comme la JOC le sait certainement encore mieux que moi. Nous sommes confrontés aux soucis et aux problèmes des gens qui travaillent, en particulier des jeunes et des jeunes adultes, devant notre propre porte dans chaque pays, où que nous vivions.
La JOC défend une attitude chrétienne et socio-éthique
La JOC dispose d'un outil éprouvé lorsqu'il s'agit de voir des situations d’abus, de les reconnaître en tant que telles et de s'émanciper ensuite pour assumer la responsabilité. La formule de cette méthode qu’on trouve aussi dans la doctrine sociale de l’Eglise catholique, est « voir - juger - agir ». Si nous nous engageons pour les autres à la suite du Christ, cela est au moins aussi nécessaire aujourd'hui que lors de la fondation de la JOC en 1925. J'associe l'attitude de la JOC surtout aux valeurs et principes suivants : la dignité de l'homme, la solidarité et la justice, la formation et la qualification, la tolérance et une orientation internationale. Ces valeurs et principes se reflètent dans la vision chrétienne de l'homme et de la société. Je partage l’attitude de la JOC, c’est-à-dire que pour moi, pour nos diocèses, pour la Conférence épiscopale allemande et aussi pour la Commission des épiscopats de l'Union européenne (COMECE) à Bruxelles, ces valeurs et principes sont indispensables.
La JOC montre la perspective du travail en dignité
Le pape Jean-Paul II écrit dans la lettre encyclique Laborem exercens que le travail sert de devenir « plus homme ». Le pape François a déclaré lors de l'audience générale du 1er mai 2013 : « Le travail […] nous remplit de dignité ; il nous rend semblables à Dieu ». C'est le point sensible et la conclusion appropriée : un bon travail se base sur la dignité de chaque être humain. À ce sujet le 2 avril 2025, la Commission pour les questions sociales et de société de la Conférence épiscopale allemande a publié le document d'impulsion intitulé « La force réconciliatrice du travail ». Nous sommes conscients du fait que le monde du travail rémunéré provoque des conflits, des divergences d'intérêts et des questions liées à la distribution. Mais c'est justement face aux mauvaises conditions de travail que nous attirons l'attention sur la force positive du travail. Car le travail n'est pas seulement un moyen pour atteindre une fin. Un bon travail contribue à une vie remplie et à une bonne coexistence. Il crée une communauté, car au travail se rencontrent des personnes avec des contextes et des expériences de vie différents. La JOC a constaté il y a 100 ans déjà que le travail a besoin d'un compas éthique et qu'il présuppose l'égale dignité de chaque être humain.
Source : https://www.la-croix.com/Definitions/Bible/Saint-Joseph/Saint-Joseph-artisan
La JOC vise à la qualification et à la participation sociale des jeunes gens
Pour cela, une bonne politique sociale et de formation est nécessaire pour rendre les gens capables d'exercer leur métier et de participer à la vie sociale. Un bon travail peut donc constituer en même temps un espace d’apprentissage de la démocratie vécue : dans la vie quotidienne de l'entreprise, nous apprenons à nous impliquer, à prendre des responsabilités et à tolérer des opinions différentes. Ce ne sont pas des choses secondaires - c'est un entraînement démocratique de base ! Le travail permet ainsi de participer à la vie sociale. C’est depuis toujours votre objectif au sein de la JOC, justement pour les jeunes gens – conformément à l’esprit de votre fondateur Joseph Cardijn. Ainsi, la conviction que « La vie d'un jeune travailleur vaut plus que tout l'or du monde, car il est fils de Dieu » est peut-être plus actuelle que jamais. C'est pourquoi je voudrais bien vous encourager dans votre engagement pour la JOC et vous saluer cordialement en vous souhaitant beaucoup de succès pour au moins les 100 prochaines années ainsi que la bénédiction de Dieu pour vos activités.
Bonn/Hildesheim, avril 2025
Dr. Heiner Wilmer SCJ Évêque de Hildesheim, Président de la Commission pour les questions sociales et de société (VI) de la Conférence épiscopale allemande et évêque délégué auprès de la Commission des épiscopats de l'Union européenne (COMECE)