Communiqué de la JOCI à l'occasion de la Journée Internationale du travail digne

2020 10 07 11 11

« Je m’appelle Ganis Rengganis, j’ai 28 ans, je suis marié et j’ai un enfant. Je travaille depuis 6 ans dans une imprimerie dans la zone de Solokan Jeruk à Bandung en Indonésie. Chaque jour, je travaille de 8h à 17h. Je gagne 1.500.000 roupies par mois, soit 100 $US. Je ne bénéficie pas de l’assurance sociale ni d’autres droits que je devrais avoir. Si quelqu’un est malade dans mon foyer, je dois payer moi-même tous les frais médicaux parce que mon entreprise n’a pas souscrit d’assurance santé pour moi et ma famille.

Je ne bénéficie pas de l’assurance sociale ni d’autres droits que je devrais avoir. Il est évident que ce salaire ne suffit pas pour répondre à mes besoins et à ceux de ma famille, d’autant plus que j’ai un enfant de 2 ans

Je suis forcé de travailler dans cette entreprise pour un salaire inférieur au salaire minimum parce que dans notre région, il est très difficile de trouver un emploi, surtout pour les hommes. S’il y a des emplois dans de meilleures entreprises, nous devons payer beaucoup d’argent pour obtenir du travail dans une grande entreprise.

Si nous protestons auprès de nos employeurs, ils n’hésitent pas à réprimander les travailleurs et à les menacer de licenciement. La plupart des travailleurs ont peur de l’attitude des employeurs car nous craignons de perdre nos emplois. Nous n’avons donc pas le choix, nous suivons les ordres de l’employeur, même lorsque nous travaillons sous pression avec un sentiment de malaise ».

Le témoignage qui précède reflète bien les réalités des jeunes travailleurs d’aujourd’hui. Les bas salaires, l’absence d’assurance soins de santé et de sécurité sociale, l’absence de sécurité sur le lieu de travail, la non-reconnaissance de leurs droits humains et sociaux sont autant de problèmes auxquels ils sont confrontés.

Le travail est mis sous pression par les employeurs, et il est difficile de trouver des emplois plus humains. Les salaires qui sont versés leur permettent seulement de survivre pour pouvoir travailler le lendemain. Les employeurs ne se soucient pas des conditions de vie des familles de leurs travailleurs, ils ne se préoccupent pas de leur bien-être ni de leur dignité d’êtres humains.

Aujourd’hui, cette situation existe dans presque tous les secteurs de travail dans le monde.

Cette réalité est le résultat de la cupidité des chefs d’entreprise et de leur soif de profit. Ils n’assument aucunement leur responsabilité sociale. Ils ne gèrent pas leurs entreprises de manière juste et civilisée. Ils accordent la priorité au profit et à leur enrichissement personnel, sans se soucier des droits humains élémentaires. Le respect de la législation sociale n’est pas leur mantra. Les enseignements religieux influencent la société mais pas leur vie spirituelle. Le profit se trouve au cœur de tout ce qu’ils font pour empocher un maximum de bénéfices à tout prix, portant atteinte aux droits humains et sociaux, détruisant la nature et donnant peu d’importance à la vie.

La pandémie de Covid 19 frappe le monde entier. Avec elle, les réalités des jeunes travailleurs ont empiré. Beaucoup ont été licenciés, ils ont été renvoyés chez eux sans rémunérations, perdant leur emploi et leurs revenus. Les employeurs ont cessé de payer la sécurité sociale et l’assurance soins de santé, les travailleurs sont incapables de payer leur loyer mais ne peuvent retourner dans leur ville d’origine. Les problèmes économiques sont nombreux. Même avant l’apparition du Covid 19, les conditions des travailleurs étaient très loin de correspondre à un travail juste et digne. La plupart des gouvernements ne sont pas prêts pour lutter contre la pandémie. Tous les secteurs sont vulnérables, en particulier les jeunes et les travailleurs. Certains gouvernements ne procurent pas une sécurité économique qui protégera les travailleurs contre le dur impact du Covid 19 afin de garantir le droit d'avoir un emploi décent

Nous sommes nombreux à ne pas comprendre ce que veut dire « travail décent ». Pour dire les choses simplement, le travail décent ou juste signifie le respect des droits fondamentaux de l'homme et du travail rémunéré ou procurant un revenu suffisant pour vivre dignement, garantissant une sécurité physique et psychologique.

Pour pouvoir dire qu’un travail est décent, il doit pouvoir remplir les 3 conditions suivantes :

  1. Être accessible à toutes les personnes appartenant aux groupes d’âge productif (excluant donc les enfants) sans exception, y compris celles qui présentent un handicap physique, et sans barrières de genre.
  2. Tous les travailleurs sont protégés socialement, y compris ceux qui sont engagés dans des activités économiques informelles.
  3. Tous les travailleurs expriment leurs opinions et aspirations dans le cadre d’un système démocratique fondé sur des valeurs humaines.

 

Ce rêve de travail digne peut-il devenir réalité dans ton pays ?

Non seulement c'est possible, mais c'est nécessaire. Ces conditions sont essentielles pour l'humanité. Les êtres humains possèdent une dignité donnée par Dieu, chacun a droit à des conditions de vie et de travail décentes, et ils doivent également faire du monde un endroit meilleur - bien sûr, même par le travail ! par lequel un travailleur remplit sa mission : c'est le travail décent. Nous y arriverons !

Notre analyse du sujet repose sur des témoignages, des enquêtes et des discussions directes avec des travailleurs et elle fait clairement ressortir que dans la réalité, tous les indicateurs de l’OIT ne sont pas pleinement ressentis par les travailleurs et leurs familles, que ce soit sur le plan physique ou mental. Le travail décent est difficile à concrétiser.

La force et l’union des travailleurs est fondamental. L’éducation à travers l’action est la clé de notre succès dans notre travail de plaidoyer et notre campagne pour un travail juste et une vie digne pour tous les travailleurs.

En cette Journée mondiale pour un travail digne, la JOCI invite tous les mouvements nationaux et ses membres, amis et sympathisants à travers le monde à appuyer notre combat et à appeler à une éducation plus concrète et solide. Nous devons multiplier nos actions car le changement dont a besoin le monde est dans les mains des jeunes travailleurs. Poursuivons la lutte, réclamons plus d’humanité, plus de justice, et appelons à la reconnaissance et au respect des droits sociaux et humains en cette Journée mondiale pour un travail digne.

 

#travaildignepourtous